mercredi 21 décembre 2011

Mes Noëls d'enfant (Partie 5 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 5 de 5).

(Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Cinquième et dernière partie.



Enfin le "Grand Jour". Je me levais dès que j'entendais mes parents le faire. Je courais vers le salon et à chaque fois je m'arrêtais, en pyjama, pantoufles et robe de chambre, la bouche ouverte, les yeux exorbités, ne respirant plus, toujours complètement abasourdi devant la montagne de cadeaux qui cachaient le village et le tiers de l'immense sapin. Alors je regardais mes parents et je sais, aujourd'hui, que ce moment était, pour eux, leur plus beau cadeau.

Je croyais que le Père Noël était très généreux avec nous, en nous laissant autant de cadeaux, parce qu'il devait savoir que nous n'étions pas riches (mes parents n'ont jamais eu de maison et mon père n'a possédé une auto que tard dans sa vie). Aussi, je voyais bien à quel point le Père Noël aimait les enfants car les adultes n'avaient que quelques cadeaux de peu d'intérêt alors que les enfants nous en avions à en être étourdis.

Par tradition, c'est ma sœur qui distribuait les cadeaux que le Père Noël avait pris la peine de placer de telle façon que la distribution était juste et équitable. Des cadeaux je n'en avais qu'à Noël et à ma fête, alors je prenais bien le temps de les apprécier et je faisais durer le plaisir de chaque surprise.

Puis, mon autre frère, qui lui habitait à Sainte-Agathe-des-Monts, arrivait, au début seul, ensuite avec sa femme et plus tard avec ses quatre filles. Le jour de Noël n'était alors que réjouissances, chansons, musique, jeux, plaisir, rires et abondance de nourriture, de jouets, d'amour et de bonheur.

À la fin de la journée, lorsque ma mère venait, comme à chaque jour, me border et me chanter une chanson, j'étais comblé, fatigué, heureux d'un autre merveilleux Noël mais déçu qu'il soit déjà terminé.

Malheureusement, je ne me souviens pas avoir pensé remercier suffisamment mes parents pour tant de plénitude.

À part la surprise et le "déballage" des cadeaux, la journée du 26 ressemblait à celle du 25. Ensuite mon frère de Montréal retournait chez lui avec sa famille. Le 27, mon père et ma sœur retournaient au travail, ma mère retrouvait ses tâches domestiques et moi je partageais mes nouveaux jouets avec mes amis.

Noël, si intensément attendu pendant près de quatre mois, était passé à la vitesse de l'éclair et était déjà terminé. Jusqu'au prochain!

Gilles Chartrand.


Je vous assure (et je vous en donne ma parole) que mes Noëls d'enfant se sont passés tels que je les ai décrits dans mes textes; ici rien n'a été ajouté, oublié, modifié, exagéré ou embelli.

La maison de la rue Larocque a été vendue et le logement du deuxième étage a été rénové de fond en comble; il ne reste plus rien du décor de mes Noëls d'enfant.

La vie nous réserve plusieurs surprises, certaines belles et agréables, d'autres non. Je n'ai eu aucun contact avec ma sœur ni avec mon jeune frère depuis plusieurs années. Mon père et mes deux autres frères sont morts, trop jeunes, emportés par le cancer. Lorsque mon jeune frère a quitté la maison familiale, nous nous sommes tous éloignés les uns des autres, je ne sais pas pourquoi. Quelques années après, ma mère constatant que plus personne n'avait besoin d'elle s'est suicidée, à la plage Tessier, là où j'ai été tellement heureux, aimé, entouré et protégé au sein d'une famille extraordinaire.

Aujourd'hui, de tout cela, il ne me reste que quelques photos et mes précieux souvenirs.

Mes Noëls d'enfant (Partie 4 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 4 de 5).

(Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Quatrième partie.

 
Le 24 décembre, même si ce n'était pas un samedi, je prenais une douche (nous n'avions pas de bain). Vers huit heures, à mon grand désespoir, je devais aller me coucher, décidant à chaque fois de ne pas dormir et d'écouter jaser les adultes mais ne réussissant jamais; le sommeil avait toujours le dessus sur l'excitation.

Puis ma mère venait me réveiller, s'assurait que j'étais impeccable et que mes vêtements l'étaient aussi et nous partions tous et toutes pour la messe de minuit, qui dans ce temps-là était à minuit, à pied car l'église n'était que de l'autre côté de la rue.

L'église était pleine, les gens se saluaient de la tête, en silence, regardaient un peu partout et un peu tout le monde et écoutaient les airs de Noël interprétés à l'orgue. Un toussotement, une porte de confessionnal fermée trop brusquement ou un missel échappé faisaient un vacarme qui attirait tous les regards, dans le silence respectueux des fidèles. Les enfants étaient étonnamment sages, les femmes, fières, avaient mis leurs plus beaux chapeaux et la majorité des hommes sentaient l'Aqua-Velva.

Moi, je regardais partout, je sentais, j'écoutais, j'avais hâte à la quête, ma pièce de dix cents déjà prête dans ma main; je craignais "d'attraper un fou-rire", je regardais pour la xième fois les images dans mon missel, j'étais sage et j'étais bien car j'avais dormi.

Un peu avant minuit le "bedo" éteignait les lumières et, à minuit pile, l'église s'illuminait soudainement et ma sœur, dans le deuxième jubé, entamait, à l'orgue, les premières notes du Minuit Chrétien qui, à chaque année, était interprété par mon père. J'étais malheureusement trop jeune pour apprécier ce moment autant qu'il l'aurait mérité.

La messe, en latin, était beaucoup trop longue; heureusement le curé, le sachant très bien, faisait un sermon bref et léger qu'à peu près personne n'écoutait. Vers la fin les gens gigotaient sur leur banc, baillaient, regardaient leur montre et la foule n'était plus qu'une mer d'impatience.

Avant de sortir, nous nous arrêtions devant la crèche pour y contempler le petit Jésus qui venait de naître et ma mère me donnait une pièce de cinq cents que je glissais dans une fente, devant un ange qui, alors, balançait la tête en remerciement.

Ensuite, sur le perron, c'étaient les souhaits de Joyeux Noël et de Bonne et Heureuse Année échangés avec plusieurs personnes et, enfin, le retour à la maison.

Là, en un temps record, ma mère et ma sœur nous préparaient un réveillon composé de sandwichs (œufs, jambon, poulet), d'œufs farcis, de viandes froides, d'olives, betteraves, cornichons, radis, et oignons, et, pour dessert, d'une bûche de Noël ou de petits gâteaux de la boulangerie Boivin.

Ensuite, je devais aller me coucher avant que le Père Noël ne passe pour laisser nos cadeaux. Je me souviens qu'une année j'ai entendu ses clochettes et une autre année son célèbre HO! HO! HO!; cette fois-là j'avais souri, dans mon lit, étonné de constater que le Père Noël avait une voix qui ressemblait beaucoup à celle de mon père.

Mes Noëls d'enfant (Partie 3 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 3 de 5).

Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Troisième partie.



Quelques jours avant le Grand Jour, ma mère et ma sœur s'occupaient de faire le grand ménage de notre logement, mon père s'assurait de bien entretenir la galerie (où trônaient, empilés le long du mur, les pâtés, les tartes, les beignes et les biscuits), l'escalier et l'entrée et moi je continuais à regarder les catalogues, à m'empiffrer, à rêver, à écouter les 33 tours de Noël de Perry Como et de Nat King Cole, à avoir hâte à Noël et à être immensément heureux.

Le soir, après le souper, nous sortions nous promener. Sur la rue Principale et la rue Saint-Vincent, de la musique de Noël jaillissait des haut-parleurs installés en haut de poteaux de téléphone. Les boutiques, le magasin de meubles Légaré, l'épicerie Dominion, la pharmacie Dumouchel et la pharmacie Saint-Amour, le restaurant Gaudet, l'hôtel Belmont, le cinéma Roxy, le 5-10-15, la cordonnerie Caron, la Caisse Populaire, la Boulangerie Boivin, le Bureau de Poste, l'Hôtel de Ville, la Salle de Quilles, le Garage Lortie, le magasin général Chez Touchette (ou Chez Forget ???), le presbytère et l'Église étaient tous décorés et illuminés.

S'y promener, sous une faible, douce et belle neige, s'arrêter devant les Petites Alpes pour regarder les enfants descendre en "traîne sauvage" ou en "soucoupe volante" et, ensuite, devant l'immense patinoire, en forme de huit, aménagée sur le Lac des Sables, près du quai du bateau Allouette, pour y contempler les nombreux patineurs s'exécutant au son des valses de Strauss – tout cela était, je n'en ai jamais douté, un avant-goût du paradis.

Vers le 23 décembre, mon frère qui habitait à Montréal arrivait pour quelques jours, au début seul, ensuite avec sa femme et, plus tard, avec ses trois enfants. Alors, débutait un période où la maison était pleine de vie, de discussions, de tours pendables, d'histoires, de jeux, de "séances" effectuées par les enfants,  de rires presque continuels, de musique, de joies et de bonheur. Jamais de chicane, jamais de boisson, juste quelques fumeurs (mais en ce temps-là la cigarette n'était pas encore nocive…).

Le jour nous allions nous promener, jouer, glisser, skier, patiner, construire d'immenses forts en neige, nous chamailler, rire à en pisser dans nos "combines" lorsqu'il y en a un qui perdait une botte ou une mitaine ou sa tuque, pleurer lorsque nous nous faisions mal, faire des courses dans la côte de la rue Larocque, assis sur des morceaux de carton, jouer au ballon-balais; au retour, ma mère s'assurait que tout le monde allait bien et suspendait nos vêtements détrempés, sur une corde à linge amovible, d'un côté à l'autre, dans la cuisine.

Le soir c'était du "jasage", un peu de télévision, des jeux de société et, surtout, quel bonheur, mon père qui chantait merveilleusement bien de fort belles chansons (souvent des grands airs d'opéra), debout, droit comme un soldat qu'il avait été, sérieux et fier, accompagné par ma sœur au piano, devant nos yeux admiratifs. Après chaque interprétation nous déposions nos "verres de liqueur" sur des petites tables pliantes en métal afin d'avoir les mains libres pour applaudir.

Les repas étaient ultra-traditionnels : soupe, tourtière, ragoût de boulettes avec beaucoup de sauce, patates pilées, dinde, ketchup aux fruits, atacas et plusieurs mets d'accompagnement. Il me semble entendre ma mère nous dire : Pour dessert il y a de la tarte aux pommes, de la tarte au sucre, de la tarte aux cerises, de la tarte aux oeufs, de la tarte au citron, de la tarte aux raisins, des biscuits, des beignes avec une montage de sucre en poudre dessus, du gâteau aux fruits et de la crème glacée; ah oui, gardez-vous de la place pour le sucre à la crème.

Ensuite, pendant que les femmes nettoyaient la cuisine et lavaient la vaisselle, les hommes et les enfants allions au salon et nous regardions en silence notre magnifique sapin et notre non moins magnifique village, mon père se berçant dans son fauteuil, fier et heureux, fumant sa pipe, buvant son thé et écoutant le placotage et les rires des femmes venant de la cuisine.

Mes Noëls d'enfant (Partie 2 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 2 de 5).

Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Deuxième partie.




L'après-midi, pendant que mon père faisait sa marche et sa sieste et lisait son Montréal-Matin, je regardais ma mère et ma sœur décorer le sapin, toujours elles et personne d'autre. J'étais tellement absorbé par ma contemplation que je goutais à peine les chocolats, bonbons, "chips" et Coca-Cola que j'ingurgitais presque sans arrêt, installé, pour l'occasion, dans le fauteuil de mon père, près de la fournaise à l'huile, tourné vers le sapin, une couverture inutile mais réconfortante sur les jambes. L'activité artistique était accompagnée par des chants et des musiques de Noël qui jaillissaient du meuble stéréo et, dès les premières notes du Minuit Chrétien interprété par Richard Verreau, même si le 33 tours "grichait" un peu, nous nous arrêtions tous pour l'écouter religieusement, mon père l'écoutant de la cuisine car il n'aimait pas qu'on le voit verser des larmes.

La première opération du long et précis processus de décoration consistait à camoufler le tronc du sapin avec de la ouate. Ensuite, c'était l'installation des centaines de lumières clignotantes (qu'il fallait avant, évidemment, démêler et vérifier). Puis venaient les "décorations de fond" : des petits oiseaux, des Pères Noëls, des anges, des cannes multicolores, des étoiles et des clochettes or et argent et plusieurs autres. Suivaient les boules : jamais deux de même grosseur ou de même style ou de même couleur l'une à côté de l'autre. Un travail de moine, je ne vous dis pas. Les milliers de glaçons, la majorité récupérés du Noël précédent, placés minutieusement en groupe de quatre ou cinq, pas plus, terminaient, j'ose le dire ainsi, cette œuvre d'art. Pourtant, pour moi, le meilleur restait à venir.

Alors, ma mère à genoux, ma sœur debout près d'elle pour lui fournir le matériel, je voyais naître sous mes yeux ébahis le village de Noël que je passerais des heures et des heures à contempler, couché par terre sur un tapis tressé, le menton appuyé sur les mains, jusqu'à la fin du temps des fêtes, sans jamais m'en lasser ni cesser de m'en réjouir.

Processus de construction du village : d'abord des boîtes et des contenants de formes et de formats différents qui, dans quelques instants, deviendront des plateaux, des collines et des montagnes; puis encore de la ouate pour cacher le contenant d'eau et la base du tronc; ensuite, un immense tapis, mince, léger, d'un blanc immaculé, maintes fois réparé, imitant la neige, pour recouvrir le tout; suivaient les nombreuses maisons, les lumières pour les illuminer, encore (devinez) de la ouate pour camoufler les fils; ensuite arrivaient les accessoires (animaux, personnages, sapins, clôtures, etc.) et, finalement, la crèche, dont le format des personnages était disproportionné par rapport à celui de ceux du village mais cela n'avait évidemment aucune espèce d'importance.

Le petit Jésus, quant à lui, n'arriverait dans la crèche que le 24 décembre, lors de notre retour de la messe de minuit.

Pour compléter cette féérie, ma mère vidait deux contenants de neige artificielle sur le sapin, installait la couronne de Noël dans la porte du salon (celle pour la visite), décorait les fenêtres avec, justement, des décorations de fenêtres (dont un Père Noël qui, lorsqu'on le connectait, se retrouvait avec des joues rouges lumineuses, que l'on apercevait facilement de la rue) et, pour terminer, plaçait sur la table de cuisine, sur le meuble télé et sur le piano, des bibelots dont un qui s'illuminait, un autre qui, lorsqu'on le "crinquait", jouait Mon beau sapin et le dernier, celui sur la table de cuisine, qui était toujours plein de bonbons, de cannes et de chocolats.

Pendant la semaine qui précédait le jour de Noël ma mère (qui croyait nous demander un service) nous faisait goûter à la popote qu'elle et ma sœur préparaient durant des heures et des heures et encore des heures. Nous ingurgitions en à peine quelques minutes tout ce qu'elle nous servait et, elle nous regardait, les yeux interrogatifs et la mine inquiète, jusqu'au moment où nous lui disions que tout était excellent; et, quelle ironie, c'était elle qui nous remerciait.

Heureusement, en ce temps-là, on n'avait pas encore inventé les glucides, les gras trans, le sodium, ni le fichu et détestable IMC. Et les hommes aimaient les femmes corpulentes (ce qui m'est toujours resté). Nous n'avions pas le temps de nous préoccuper de notre santé car nous étions trop occupés à être heureux.

Mes Noëls d'enfant (Partie 1 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 1 de 5).

Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Première partie.




Vers le milieu et la fin des années 50 (alors que j'avais de six à neuf ans).

La rentrée scolaire s’effectuait toujours le lendemain du congé de la fête du Travail.

Mes sentiments étaient alors très ambigus : j’étais déçu et même un peu triste de voir se terminer l’été, les vacances, les couchers un peu plus tard et les levers beaucoup plus tard, les matchs de football et les parties de badminton en après-midi, les journées à la plage Tessier et les samedis au Domaine Laurin ou au Parc Belmont; mais, en même temps, je me réjouissais du début de l’année scolaire (j'aimais aller à l'école), de retrouver certains camarades de classe, du retour de Bobino, de la Boîte à Surprise et de la Soirée du hockey et, surtout, du fait que la rentrée scolaire me rapprochait de Noël et du carnaval d’hiver.

À partir de ce moment, chaque journée était vécue, de plus en plus, dans l’attente du temps des fêtes. Ainsi, les premières bordées de neige, annonçant ce qui s'en venait, étaient un ravissement comme l’étaient ces merveilleuses odeurs - qui flottaient dans la cuisine ensoleillée, dans notre logement de la rue Larocque, au deuxième étage, en face du presbytère - annonçant le spaghetti italien du vendredi soir ou le roast beef du dimanche midi.

Le plaisir de l’attente croissait vertigineusement lors de l’arrivée des catalogues de Noël des magasins Eaton et Simpsons-Sears qui deviendraient, pendant quelques mois, ce qu’il y avait de plus précieux dans ma vie, avant même, je crois bien, mes amis et ma famille.

Après à peine quelques jours je connaissais par cœur la section des jouets (comme je connaîtrais par cœur, plus tard,  la section des brassières, corsets, bas de nylon et porte-jarretelles des catalogues réguliers…).

Je ne me lassais pas de regarder les trains électriques, les Minibrix, (les Lego, tels que nous les connaissons aujourd'hui, n’existaient pas encore), les jeux de Meccano (l’original avec les pièces rouges et les pièces vertes), les pistes de course automobile en forme de huit, les jeux de construction Kenner, les projecteurs avec des diapositives de Mickey Mouse et de Popeye, les autos, les camions et les soldats, les Lite-Brite, les Spirograph, les coffres d’outils, les accessoires de cow-boy et tant d’autres merveilles.

Lorsque ma mère jetait les catalogues, au printemps, pas avant, ils étaient en lambeaux.

Et puis, arrivait la musique de Noël à la radio et l‘esprit du temps des fêtes s’imprégnait petit à petit dans les émissions de télévision (la Famille Plouffe, la Pension Velder, la Soirée Canadienne , etc.).

Quelques semaines avant Noël, toujours un samedi, c’était le "grand jour du sapin". Mes parents, ma sœur aînée et moi allions, tôt le matin, sur la terre d’un ami de mon père, avec une hache, de la corde et beaucoup de bonne humeur, couper notre sapin de Noël.

Alors, en plein bois, de la neige aux genoux, baignés par un soleil radieux et un silence total, nous devions marcher des kilomètres et en regarder des dizaines et des dizaines avant d’en trouver un au goût de ma mère. Mon père, alors, le coupait à la hache (et nous rigolions toujours de la neige qui lui tombait dessus) et nous le ramenions, riant à chaque fois que nous l'échappions ou que quelqu'un tombait dans la neige, et le fixions solidement sur le toit de l’auto pour le grand voyage jusqu’à la maison.

Quelle fierté c'était de voir les gens nous regarder et de répondre à toutes les personnes qui nous envoyaient la main en souriant.

L’apporter de l’auto au salon, au deuxième étage, était une odyssée. Une fois la tête coupée (il était toujours trop grand), bien installé dans un contenant plein d’eau et fixé solidement au plafond à l’aide d’une corde et d’un crochet, il déployait alors ses branches et à chaque fois j’étais éberlué par son gigantisme. Pendant que nous le contemplions et le sentions, ma mère ramassait les nombreuses épines qu’il avait laissées par terre tout le long de son trajet dans la maison.

Le temps que le sapin s’habitue à son nouvel environnement et que, de notre côté, nous nous habituions à sa présence, à son odeur et aux meubles du salon déplacés de leur place habituelle, nous dinions, fatigués mais heureux, joyeux, riant de notre périple, les yeux brillants et les joues rouges.

Moi, je savais bien qu'encore une fois le Père Noël (j'y ai vraiment cru longtemps) trouverait notre sapin magnifique.