mercredi 21 décembre 2011

Mes Noëls d'enfant (Partie 2 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 2 de 5).

Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Deuxième partie.




L'après-midi, pendant que mon père faisait sa marche et sa sieste et lisait son Montréal-Matin, je regardais ma mère et ma sœur décorer le sapin, toujours elles et personne d'autre. J'étais tellement absorbé par ma contemplation que je goutais à peine les chocolats, bonbons, "chips" et Coca-Cola que j'ingurgitais presque sans arrêt, installé, pour l'occasion, dans le fauteuil de mon père, près de la fournaise à l'huile, tourné vers le sapin, une couverture inutile mais réconfortante sur les jambes. L'activité artistique était accompagnée par des chants et des musiques de Noël qui jaillissaient du meuble stéréo et, dès les premières notes du Minuit Chrétien interprété par Richard Verreau, même si le 33 tours "grichait" un peu, nous nous arrêtions tous pour l'écouter religieusement, mon père l'écoutant de la cuisine car il n'aimait pas qu'on le voit verser des larmes.

La première opération du long et précis processus de décoration consistait à camoufler le tronc du sapin avec de la ouate. Ensuite, c'était l'installation des centaines de lumières clignotantes (qu'il fallait avant, évidemment, démêler et vérifier). Puis venaient les "décorations de fond" : des petits oiseaux, des Pères Noëls, des anges, des cannes multicolores, des étoiles et des clochettes or et argent et plusieurs autres. Suivaient les boules : jamais deux de même grosseur ou de même style ou de même couleur l'une à côté de l'autre. Un travail de moine, je ne vous dis pas. Les milliers de glaçons, la majorité récupérés du Noël précédent, placés minutieusement en groupe de quatre ou cinq, pas plus, terminaient, j'ose le dire ainsi, cette œuvre d'art. Pourtant, pour moi, le meilleur restait à venir.

Alors, ma mère à genoux, ma sœur debout près d'elle pour lui fournir le matériel, je voyais naître sous mes yeux ébahis le village de Noël que je passerais des heures et des heures à contempler, couché par terre sur un tapis tressé, le menton appuyé sur les mains, jusqu'à la fin du temps des fêtes, sans jamais m'en lasser ni cesser de m'en réjouir.

Processus de construction du village : d'abord des boîtes et des contenants de formes et de formats différents qui, dans quelques instants, deviendront des plateaux, des collines et des montagnes; puis encore de la ouate pour cacher le contenant d'eau et la base du tronc; ensuite, un immense tapis, mince, léger, d'un blanc immaculé, maintes fois réparé, imitant la neige, pour recouvrir le tout; suivaient les nombreuses maisons, les lumières pour les illuminer, encore (devinez) de la ouate pour camoufler les fils; ensuite arrivaient les accessoires (animaux, personnages, sapins, clôtures, etc.) et, finalement, la crèche, dont le format des personnages était disproportionné par rapport à celui de ceux du village mais cela n'avait évidemment aucune espèce d'importance.

Le petit Jésus, quant à lui, n'arriverait dans la crèche que le 24 décembre, lors de notre retour de la messe de minuit.

Pour compléter cette féérie, ma mère vidait deux contenants de neige artificielle sur le sapin, installait la couronne de Noël dans la porte du salon (celle pour la visite), décorait les fenêtres avec, justement, des décorations de fenêtres (dont un Père Noël qui, lorsqu'on le connectait, se retrouvait avec des joues rouges lumineuses, que l'on apercevait facilement de la rue) et, pour terminer, plaçait sur la table de cuisine, sur le meuble télé et sur le piano, des bibelots dont un qui s'illuminait, un autre qui, lorsqu'on le "crinquait", jouait Mon beau sapin et le dernier, celui sur la table de cuisine, qui était toujours plein de bonbons, de cannes et de chocolats.

Pendant la semaine qui précédait le jour de Noël ma mère (qui croyait nous demander un service) nous faisait goûter à la popote qu'elle et ma sœur préparaient durant des heures et des heures et encore des heures. Nous ingurgitions en à peine quelques minutes tout ce qu'elle nous servait et, elle nous regardait, les yeux interrogatifs et la mine inquiète, jusqu'au moment où nous lui disions que tout était excellent; et, quelle ironie, c'était elle qui nous remerciait.

Heureusement, en ce temps-là, on n'avait pas encore inventé les glucides, les gras trans, le sodium, ni le fichu et détestable IMC. Et les hommes aimaient les femmes corpulentes (ce qui m'est toujours resté). Nous n'avions pas le temps de nous préoccuper de notre santé car nous étions trop occupés à être heureux.

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