mercredi 21 décembre 2011

Mes Noëls d'enfant (Partie 4 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 4 de 5).

(Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Quatrième partie.

 
Le 24 décembre, même si ce n'était pas un samedi, je prenais une douche (nous n'avions pas de bain). Vers huit heures, à mon grand désespoir, je devais aller me coucher, décidant à chaque fois de ne pas dormir et d'écouter jaser les adultes mais ne réussissant jamais; le sommeil avait toujours le dessus sur l'excitation.

Puis ma mère venait me réveiller, s'assurait que j'étais impeccable et que mes vêtements l'étaient aussi et nous partions tous et toutes pour la messe de minuit, qui dans ce temps-là était à minuit, à pied car l'église n'était que de l'autre côté de la rue.

L'église était pleine, les gens se saluaient de la tête, en silence, regardaient un peu partout et un peu tout le monde et écoutaient les airs de Noël interprétés à l'orgue. Un toussotement, une porte de confessionnal fermée trop brusquement ou un missel échappé faisaient un vacarme qui attirait tous les regards, dans le silence respectueux des fidèles. Les enfants étaient étonnamment sages, les femmes, fières, avaient mis leurs plus beaux chapeaux et la majorité des hommes sentaient l'Aqua-Velva.

Moi, je regardais partout, je sentais, j'écoutais, j'avais hâte à la quête, ma pièce de dix cents déjà prête dans ma main; je craignais "d'attraper un fou-rire", je regardais pour la xième fois les images dans mon missel, j'étais sage et j'étais bien car j'avais dormi.

Un peu avant minuit le "bedo" éteignait les lumières et, à minuit pile, l'église s'illuminait soudainement et ma sœur, dans le deuxième jubé, entamait, à l'orgue, les premières notes du Minuit Chrétien qui, à chaque année, était interprété par mon père. J'étais malheureusement trop jeune pour apprécier ce moment autant qu'il l'aurait mérité.

La messe, en latin, était beaucoup trop longue; heureusement le curé, le sachant très bien, faisait un sermon bref et léger qu'à peu près personne n'écoutait. Vers la fin les gens gigotaient sur leur banc, baillaient, regardaient leur montre et la foule n'était plus qu'une mer d'impatience.

Avant de sortir, nous nous arrêtions devant la crèche pour y contempler le petit Jésus qui venait de naître et ma mère me donnait une pièce de cinq cents que je glissais dans une fente, devant un ange qui, alors, balançait la tête en remerciement.

Ensuite, sur le perron, c'étaient les souhaits de Joyeux Noël et de Bonne et Heureuse Année échangés avec plusieurs personnes et, enfin, le retour à la maison.

Là, en un temps record, ma mère et ma sœur nous préparaient un réveillon composé de sandwichs (œufs, jambon, poulet), d'œufs farcis, de viandes froides, d'olives, betteraves, cornichons, radis, et oignons, et, pour dessert, d'une bûche de Noël ou de petits gâteaux de la boulangerie Boivin.

Ensuite, je devais aller me coucher avant que le Père Noël ne passe pour laisser nos cadeaux. Je me souviens qu'une année j'ai entendu ses clochettes et une autre année son célèbre HO! HO! HO!; cette fois-là j'avais souri, dans mon lit, étonné de constater que le Père Noël avait une voix qui ressemblait beaucoup à celle de mon père.

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