mercredi 21 décembre 2011

Mes Noëls d'enfant (Partie 3 de 5)

Mes Noëls d’enfant à Sainte-Agathe-des-Monts (partie 3 de 5).

Voici le récit authentique et véridique de mes Noëls d'enfant; il raconte exactement et précisément ce qu'ils furent, (avec une fin imprévue…).

Troisième partie.



Quelques jours avant le Grand Jour, ma mère et ma sœur s'occupaient de faire le grand ménage de notre logement, mon père s'assurait de bien entretenir la galerie (où trônaient, empilés le long du mur, les pâtés, les tartes, les beignes et les biscuits), l'escalier et l'entrée et moi je continuais à regarder les catalogues, à m'empiffrer, à rêver, à écouter les 33 tours de Noël de Perry Como et de Nat King Cole, à avoir hâte à Noël et à être immensément heureux.

Le soir, après le souper, nous sortions nous promener. Sur la rue Principale et la rue Saint-Vincent, de la musique de Noël jaillissait des haut-parleurs installés en haut de poteaux de téléphone. Les boutiques, le magasin de meubles Légaré, l'épicerie Dominion, la pharmacie Dumouchel et la pharmacie Saint-Amour, le restaurant Gaudet, l'hôtel Belmont, le cinéma Roxy, le 5-10-15, la cordonnerie Caron, la Caisse Populaire, la Boulangerie Boivin, le Bureau de Poste, l'Hôtel de Ville, la Salle de Quilles, le Garage Lortie, le magasin général Chez Touchette (ou Chez Forget ???), le presbytère et l'Église étaient tous décorés et illuminés.

S'y promener, sous une faible, douce et belle neige, s'arrêter devant les Petites Alpes pour regarder les enfants descendre en "traîne sauvage" ou en "soucoupe volante" et, ensuite, devant l'immense patinoire, en forme de huit, aménagée sur le Lac des Sables, près du quai du bateau Allouette, pour y contempler les nombreux patineurs s'exécutant au son des valses de Strauss – tout cela était, je n'en ai jamais douté, un avant-goût du paradis.

Vers le 23 décembre, mon frère qui habitait à Montréal arrivait pour quelques jours, au début seul, ensuite avec sa femme et, plus tard, avec ses trois enfants. Alors, débutait un période où la maison était pleine de vie, de discussions, de tours pendables, d'histoires, de jeux, de "séances" effectuées par les enfants,  de rires presque continuels, de musique, de joies et de bonheur. Jamais de chicane, jamais de boisson, juste quelques fumeurs (mais en ce temps-là la cigarette n'était pas encore nocive…).

Le jour nous allions nous promener, jouer, glisser, skier, patiner, construire d'immenses forts en neige, nous chamailler, rire à en pisser dans nos "combines" lorsqu'il y en a un qui perdait une botte ou une mitaine ou sa tuque, pleurer lorsque nous nous faisions mal, faire des courses dans la côte de la rue Larocque, assis sur des morceaux de carton, jouer au ballon-balais; au retour, ma mère s'assurait que tout le monde allait bien et suspendait nos vêtements détrempés, sur une corde à linge amovible, d'un côté à l'autre, dans la cuisine.

Le soir c'était du "jasage", un peu de télévision, des jeux de société et, surtout, quel bonheur, mon père qui chantait merveilleusement bien de fort belles chansons (souvent des grands airs d'opéra), debout, droit comme un soldat qu'il avait été, sérieux et fier, accompagné par ma sœur au piano, devant nos yeux admiratifs. Après chaque interprétation nous déposions nos "verres de liqueur" sur des petites tables pliantes en métal afin d'avoir les mains libres pour applaudir.

Les repas étaient ultra-traditionnels : soupe, tourtière, ragoût de boulettes avec beaucoup de sauce, patates pilées, dinde, ketchup aux fruits, atacas et plusieurs mets d'accompagnement. Il me semble entendre ma mère nous dire : Pour dessert il y a de la tarte aux pommes, de la tarte au sucre, de la tarte aux cerises, de la tarte aux oeufs, de la tarte au citron, de la tarte aux raisins, des biscuits, des beignes avec une montage de sucre en poudre dessus, du gâteau aux fruits et de la crème glacée; ah oui, gardez-vous de la place pour le sucre à la crème.

Ensuite, pendant que les femmes nettoyaient la cuisine et lavaient la vaisselle, les hommes et les enfants allions au salon et nous regardions en silence notre magnifique sapin et notre non moins magnifique village, mon père se berçant dans son fauteuil, fier et heureux, fumant sa pipe, buvant son thé et écoutant le placotage et les rires des femmes venant de la cuisine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire